EVOLUTION : se nourrir, évoluer, survivre [Coup de cœur]
Beaucoup d’entre nous ont joué, plus jeune, aux dinosaures. Avec nos reproductions en plastiques, on se façonnait des histoires de T-rex, s’attaquant à de gigantesque Tricératops. Parmi les plus férus, certains étaient même incollables, connaissant des dizaines d’espèces en les citant par cœur à la simple vue d’un dessin. Et si le plaisir était encore là, inavoué. Et si on rêvait encore, un peu, au fond de nous, de reprendre ces figurines et d’y jouer ? Notre âme d’enfant est encore là, et FUNFORGE (éditeur du très bon Patchwork et du non moins bon Quantum) y a pensé en nous proposant le très bon EVOLUTION.
EVOLUTION, quel est ce jeu ?
C’est un jeu à trois auteurs, Dominic Crapuchettes - Dmitry Knorre - Sergey Machin, et deux illustrateurs, Catherine Hamilton - John Ariosa. Sa mécanique est basée sur un système de cartes qui vont venir améliorer les différents plateaux personnels des joueurs, représentant leurs espèces de dinosaures (donc des cartes, certes, mais rien à voir avec un Star Realms ou autre deckbuilding). Il s’adresse à des groupes de 2 à 6 joueurs, à partir de 12 ans, pour des parties de 60 min environ (le nombre de joueurs n’augmente pas vraiment la durée, nous verrons pourquoi plus tard). A noté que la première partie nécessite 1h30 voire 2h selon les joueurs, mais les suivantes sont beaucoup plus courtes et suivent le temps estimé. Nous conseillons d’être au moins 3 joueurs (même s’il est jouable à 2), le jeu étant optimal à partir de 4 selon nous.
Il y a une forte interactivité à la fois directe et indirecte entre les joueurs, étant donné que le but est de se nourrir. Or, la réserve de nourriture est épuisable (interaction indirecte) et certaines espèces sont carnivores et vont venir se nourrir… parmi les espèces voisines (interaction directe).
Le matériel est assez minimaliste, mais l’ensemble des cartes est très joliment illustré et permet de bien se plonger dans l’univers. On arrive assez facilement à se représenter l’espèce que l’on vient de créer de par les illustrations des cartes, et les caractéristiques peuvent même lui donner un nom. Bref, un matériel simple mais efficace.
Son système de personnalisation des espèces en fait un jeu relativement original, dans le sens ou on s’éloigne des classiques Deckbuilding. Il offre des stratégies diverses, adaptables au court de la partie, pour de très beaux retournements de situations. De fait, il s’adresse plutôt à des joueurs non-novices (familiale + limite expert) quoi que l’ensemble des règles soit facilement abordable pour quiconque souhaite faire l’effort. Comme tous les jeux à interaction directe, il faut accepter le fait de pouvoir se faire viser, surtout si on est perçu par les autres comme dangereux/en avance au scoring (qui est d’ailleurs secret tout au long de la partie). Bref, il faut aimer la castagne, les combos de cartes, et les dinosaures bien sûr ^^
Le contexte
Ici, chacun va donc prendre le contrôle d’une ou plusieurs espèces de dinosaures. Enfin, plutôt que prendre le contrôle, on pourrait dire « créer »… du moins, faire évoluer. Chacun commence avec une espèce « de base », c’est-à-dire omnivore, se nourrissant majoritairement de végétaux, et sans caractéristique particulière. Au fur et à mesure de la partie, chaque joueur va créer de nouvelles espèces et faire évoluer celles qu’il contrôle déjà, en lui ajoutant, via les cartes « traits » (pour traits de caractère), des caractéristiques « d’attaque » ou de « défense ». L’objectif, lui, est toujours le même : survivre en mangeant. La nourriture est l’élément central du jeu, et constitue, en fin de partie, les points de victoire. Il faudra donc axer sa stratégie de manière à pouvoir manger le plus possible, mais tout en gardant à l’esprit que les prédateurs rôdent, et que la compétition alimentaire fait rage : il n’y en aura pas pour tout le monde !
Le matériel de jeu
Comme déjà évoqué, le matériel est simple, mais efficace. Les espèces se matérialisent tout d’abord de manière abstraite : point de figurine ou autre fiche détaillée. Nous commençons avec un petit support cartonné perforé, dans lequel viennent s’insérer des cubes, permettant de représenter la taille et la population de l’espèce. Au centre, un petit plateau représente le point d’eau, élément central où les dinos vont venir se restaurer. La nourriture est représentée par des jetons épais, recto-verso, avec d’un côté une nourriture végétale, de l’autre une pièce de viande. Enfin, les cartes, très joliment illustrées, décrive la caractéristique associée que l’on peut attribuer à nos petits protégés.
Pas de fioritures, donc, mais un matos proprement exécuté, qui fait bien son travail. Ce qui est présent est de bonne qualité et ne s’altère pas au fur et à mesure des parties, si tant est qu’on en prend soin un minimum bien entendu. Mais les photos parlent d’elle-mêmes, on vous laisse apprécier le travail réalisé sur les illustrations des cartes.
Le système de jeu
Mais concrètement, comment ça se passe ? Comme déjà dit, chaque joueur commence avec une espèce « de base ». Il commence également avec 4 cartes en main. Les tours vont ensuite s’enchaîner en suivant cette séquence :
Pioche des cartes : on pioche 3 cartes + 1 par espèce possédée. C’est pour cela qu’on commence avec 4 cartes, puisqu’on possède tous 1 espèce.
Défausse d’une carte sur le point d’eau : à chaque tour, chaque joueur doit déposer une carte (face cachée) sur le point d’eau. Sur ces cartes figure une petite icone « feuille » qui indique combien de jetons « nourriture végétale » vont être placés sur le point d’eau. Petit plus : il y a des valeurs négatives ;-)
Pose des cartes « traits » : toujours face cachée, les joueurs vont « équiper » leurs espèces avec des cartes, chaque espèce pouvant en avoir 3 maximum.
Activation des cartes « traits » : on retourne face visible les cartes jouées.
Activation des effets : Certains effets (cartes avec un liseré de feuilles) s’activent juste avant la mise en place de la nourriture. Souvent, ils permettent de se nourrir avant les autres.
Mise en place de la nourriture : On retourne les cartes placées sur le point d’eau et on dépose sur celui-ci la nourriture correspondante (en plus des restes du tour précédent s’il y en a).
Nourrissage des espèces : à tour de rôle, en commençant par le premier joueur du tour, chaque joueur va choisir une de ces espèces et la faire manger une fois (et une seule). Les herbivores vont se nourrir naturellement au point d’eau, les carnivores… parmi les autres espèces J Le tour de nourrissage s’arrête quand toutes les espèces sont rassasiées ou quand il n’est plus possible de nourrir aucune espèce.
Fin de partie : la partie se termine à la fin du tour lors duquel la pile de cartes a été épuisée. On fini le tour, on se nourrit une dernière fois, puis on compte les jetons nourriture que l'on a amasser... celui qui en a le plus gagne!
Au début, la quantité de nourriture est souvent importante. Les espèces peuvent grossir et grandir en nombre sans trop de difficultés. Puis, petit à petit, les quantités vont réduire, car la population grandissante va avoir de plus gros besoins en nourriture. Par ailleurs, les carnivores vont se mêler à la fête, venant troubler la quiétude du point d’eau. Chaque espèce va tenter de s’en protéger, en adoptant de nouveaux systèmes de défense : grimper aux arbres, se tapir dans des terriers, s’armer d’une carapace ou s’organiser en troupeaux… tout est bon pour se protéger. Bien sûr, les carnivores jouent ce jeu qui se traduit par une course à l’adaptation. Il est donc nécessaire de trouver un système permettant de continuer à se nourrir en grande quantité, tout en s’adaptant aux nouvelles conditions… un bal incessant vraiment captivant et qui tient en haleine toute la partie, sans temps mort :-)
Jeu Demain, t’en penses quoi ?
Dorénavant, nous allons tenter de donner une note lors de nos avis. Nous ne le faisions pas jusqu’à présent car il nous paraît difficile de donner une notre qui soit objective, d’autant qu’un style de jeu est peu comparable à un autre, et que c’est un peu comme les couleurs, c’est hyper subjectif (fonction des goûts perso, de l’expérience de jeu, de l’humeur du moment, etc…). Cependant, cela vous permet de visualiser un peu mieux notre ressenti par rapport au jeu. Car à l’inverse, se limiter à « on a aimé », « c’est un bon jeu »… ne permet pas de visualiser les nuances et de mesurer l’appréciation (ou non) du jeu. Donc ici, on se lance pour la première fois, qui ne sera pas une petite première fois puisque nous lui accordons...
Peu de défauts, hyper prenant, très rejouable, un matériel simple mais efficace, beaucoup d’interactivité (mais on peut faire en sorte que non si on ne le souhaite pas), très dynamique… bref, un jeu vraiment canon comme on aimerait en rencontrer plus souvent.
Envie de voir une partie en vidéo ? C’est par ici
Pour acheter le jeu, ça se passe par là !